Les salaires associatifs, sujet tabou ?

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Le niveau de salaire dans le milieu associatif est régulièrement questionné. Un débat que les associations ne peuvent ignorer.

Des enquêtes récemment menées par le Fonjep montrent que si les jeunes sont très attirés par le travail associatif, 71% des sondés pensent qu'ils y percevront des rémunérations moins élevées que dans le reste du privé. Plus récemment, l'étude de l'Avise menée auprès des jeunes relevait la même perception : « 14% des jeunes interrogés considèrent que l'ESS permet de « bien gagner sa vie », contre 32% dans le secteur public et 87% dans le secteur privé marchand. » Mythe ou réalité ? Gagne-t-on réellement moins bien sa vie dans une organisation associative ?
Une étude menée récemment par Deloitte et Taste sur les rémunérations individuelles dans les associations apporte quelques éléments de réponse. Oui, en moyenne le secteur Non Profit est de 17% inférieur au secteur marchand en salaire de base. Cet écart s'accentue au fur et à mesure qu'on monte dans l'échelle des salaires : - 6% de différence lorsqu'on gagne 23 500¤ annuels dans le monde associatif, mais - 33% lorsqu'on gagne 75 887¤. Cela s'explique aussi par une échelle des salaires moindres dans le secteur non marchand que dans le secteur marchand : écart de 1 à 5,5 dans le premier contre 1 à 8,4 dans le second.
Les auteurs de l'étude écrivent : « Dans le secteur Non Profit, la masse salariale est très majoritairement considérée comme un coût et non comme un investissement. Ainsi, la préoccupation du gestionnaire d'association se focalise sur le contrôle et la maîtrise de cette charge. » Ils ajoutent : « Dans le secteur Non Profit, la rémunération est un sujet peu abordé (voire tabou), et le sujet des bonus n'est pas considéré. Pourtant, la part variable peut être un formidable outil de pilotage. La rémunération variable doit être un levier de management et de suivi de la performance. »
Taboue la question des salaires dans les associations ? De moins en moins, sans doute, même si persiste une vision parfois sacerdotale de l'emploi associatif où la fonction salariée intègre une vision militante. Se poser la question du juste niveau de salaire est indispensable si l'on veut pérenniser son association ou la développer. Pourtant, on constate aussi dans le secteur associatif et dans l'ESS en général, un moindre absentéisme et une plus grande satisfaction dans son travail. Et cela malgré cette relative différence salariale. Il faut donc se poser la question du salaire de manière globale, en lien avec d'autres paramètres. Aborder cette question de manière isolée et en faire le paramètre n°1 de la motivation au travail serait ignorer ce qui fait la spécificité de l'emploi associatif.

Etude Deloitte-Taste sur les rémunérations individuelles - Associations et Fondations (février 2014)